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THE MARCH
1
LA
MANIFESTATION 1
À Dwight Macdonald
Sous le marbre trop blanc du Lincoln Memorial,
le marbre trop haut du Washington Obelisk,
noyant une image trop longtemps réfléchie,
les arbres rouillés, le ciel d'automne implacable,
l'insistance amplifiée des discours pacifistes,
quel absurde bonheur de se donner le bras,
(sauf quand la sueur me fait perdre mes lunettes)
de trembler en allumant une cigarette,
de me savoir bleu en marche parmi les Bleus
comme à Bull Run, sous la pression des photographes,
des personnalités, des filles
peur, gloire et débandade
car bleus nous étions mille et cent sur l'herbe verte,
fuyant l'armée de Mars aux fusils dernier-cri,
les héros, les gorilles casqués d'acier vert.
THE MARCH 2
LA MANIFESTATION 2
Là où deux ou trois sont réunis, ou cinquante,
têtes blanches ou chauves, femmes
tristement
inaptes à vivre leur rêve, me voici,
au soir, sous notre Bastille : le Pentagone,
pris de crampes aux pieds, aux mollets. J'ai le cur
lâchement téméraire ; et toujours des discours
qui battent le rappel, justifié, de notre
inconsistance. Ordre est donné à la Police
Militaire : "En avant, marche lente. Évitez
ceux qui sont assis." Et, l'un après l'autre,
ils passent sur des ufs ; mais la seconde vague
nous écrase et nous repousse. Gloire à ceux qui
ont tenu ; gloire à l'acier vert ; et gloire au secours
de tes mains qui m'ont relevé avant la fuite.
HARRIET
Une mouche obstinée, bleue et grasse, une horrible
bête d'apocalypse dans notre maison,
va et vient, se cogne contre le lit d'enfant
que peuple tout un capharnaüm de peluches,
toutes pacifiques. On croirait voir un avion
qui traite un champ, ou des Arabes à la télé.
Il y a les puissants
il y a les faibles. Elle
bourdonne, bille en tête dans n'importe quoi,
abrégeant d'autant sa vie brève et bien malpropre.
Je la tue. J'ajoute un autre bien de mainmorte
à l'atroce catalogue des éphémères,
aux clefs, au bois d'épave ou carapaces d'oursin.
Tu pouffes de joie et pars. Une mouche morte
passe sous le tapis, triomphe rabougri.
(Note: error in
the Norton Anthology of Poetry 3rd edition: page 1200
First line of 'March 1' should have 'too' instead of 'two'
Checked with RL's Selected poems,
Noonday Press)
Jean Migrenne has translated numerous poetry books from
English into French, including works by Jane Cooper, Jayne Cortez, James A. Emanuel,
Jewelle Gomez, Andrew Hudgins, Lisa Ress, Sonia Sanchez, David Shapiro, May Stevens,
Cheryl Clarke, Dennis Cooper, Toi Derricotte, Melvin Dixon, Susan Donnelly, Marilyn
Hacker, Sharon Olds, Ron Padgett, Marie Ponsot, Peter Schjeldahl, Rita Dove, Seamus
Heaney, and many more. Awaiting publication, A Complete Richard Wilbur.
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translations by Jean Migrenne.
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